À l’heure où la République démocratique du Congo affronte des défis économiques et budgétaires, la visite du Fonds monétaire international au Sénat sonne comme un rappel à l’exigence de rigueur et de clarté. Dans un pays contraint à réviser son budget 2025 en pleine crise sécuritaire, les marges de manœuvre sont étroites. Mais le dialogue entamé entre les institutions congolaises et les partenaires internationaux pourrait dessiner les contours d’un redressement soutenable, pour peu que les réformes ne restent pas lettre morte.
Dans son bureau du Palais du Peuple à Kinshasa, Jean-Michel Sama Lukonde, président de la chambre haute du Parlement, a reçu une délégation du Fonds monétaire international (FMI) conduite par Calixte Ahokpossi, chef de mission pour la République démocratique du Congo. Cette rencontre intervient dans le contexte de la première revue du programme économique et financier triennal conclu en janvier dernier entre l’institution de Bretton Woods et les autorités congolaises.
Au cœur des échanges : les réformes engagées par le gouvernement, les conséquences de la conjoncture sur les équilibres macroéconomiques, ainsi que le projet de loi de finances rectificative que le gouvernement s’apprête à soumettre au Parlement. « Nous avons souhaité rencontrer le président du Sénat pour faire avec lui le point de l’évolution des réformes et aussi discuter du budget 2025 », a déclaré M. Ahokpossi à l’issue de l’audience.
Un budget à repenser dans un contexte mouvant
Le responsable du FMI a souligné l’importance d’adapter le cadre budgétaire aux réalités économiques actuelles, marquées par de fortes pressions internes et externes. « Il y a beaucoup de changements depuis que le budget initial a été approuvé. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour présenter une loi de finances rectificative », a-t-il précisé, évoquant notamment la nécessité d’une « nouvelle priorisation des dépenses » face aux aléas de la conjoncture et à l’évolution des recettes.
Cette révision budgétaire, attendue dans les prochaines semaines, devra intégrer les impacts de la crise sécuritaire persistante dans l’Est du pays, les contraintes liées à la mobilisation des ressources internes, ainsi que les engagements pris dans le cadre du programme économique du FMI.
Une coopération technique renforcée
En toile de fond, cette rencontre illustre la volonté de coopération entre les institutions nationales et les partenaires internationaux. Le Sénat, garant du débat budgétaire, est appelé à jouer un rôle actif dans l’examen des arbitrages proposés par le gouvernement. De source parlementaire, cette concertation s’inscrit dans un effort plus large visant à renforcer la gouvernance financière, la transparence budgétaire et la discipline dans la gestion des ressources publiques.
Le FMI, qui apporte un appui technique à la RDC dans plusieurs domaines — fiscalité, gestion de la dette, efficacité de la dépense publique —, réaffirme par cette mission son engagement à accompagner le pays sur la voie d’un redressement durable.
L’institution, selon son représentant, reste attentive aux défis structurels auxquels la RDC est confrontée, tout en saluant les avancées en matière de réformes économiques.
Gouvernance et soutenabilité
La mission d’évaluation actuellement en cours devrait permettre de calibrer les ajustements nécessaires à la poursuite du programme triennal, condition essentielle au maintien du soutien financier du FMI. Les discussions autour de la loi de finances rectificative devraient ainsi constituer un test de crédibilité pour les autorités congolaises dans leur capacité à conjuguer réformes structurelles et réponse à l’urgence.
Dans un contexte marqué par l’incertitude internationale et la pression sur les ressources publiques, le FMI insiste sur la nécessité de prioriser les dépenses à fort impact socio-économique, tout en assurant une gestion rigoureuse des deniers publics. Une exigence à laquelle le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, a affirmé souscrire, dans la perspective d’un avenir économique plus stable et plus inclusif.
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